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13 juillet 2013 6 13 /07 /juillet /2013 23:05

Qui se rappelle la dernière fois qu'il est entré dans une cabine téléphonique, pour quoi dire, à qui ?   

La cabine comment ça marche, à quoi ça sert s'interrogent déjà certains trentenaires glissant du pouce un message sur l'écran tactile de leur dernier portable. 

Cabines à pièces, manchot téléphonique à fonds toujours perdu, cabines à cartes ensuite puis, puis plus rien ou presque...

Vestiges d'un mobilier urbain ancrés dans le bitume puis arrachés une à une s'effaçant de nos paysages et prenant place dans nos mémoires.

Ces cabines qui sentaient parfois le tabac froid, au combiné un peu gras ou au parfum douteux, ou l'on devait parfois se presser pour céder la place à d'autres qui avaient nous faisaient-ils comprendre en regardant leur montre plus urgent à dire.

La cabine du coin de la rue, la cabine d'en face, la cabine de la place, la cabine d'en bas... Balise disparue de la cité chacun s'étant équipé de son propre signal.

Espace d'intimité ou la parole ne s'imposait pas à qui ne voulait pas l'entendre, lieu des conversations publiques et se voulant pourtant discrètes à l'instar de celles qui s'expriment si souvent maintenant au grand air et parfois sans gêne.

Cabines publiques, vaisseau immobile qui par la seule voix de l'autre au bout du fil pouvait nous transporter pour un instant dans un ailleurs hypnotique au delà du tumulte de la cité grâce à la magie des liens qui se tissent entre les mots. 

Cabines publiques, qui l'espace d'un instant nous extirpaient de la rumeur de la rue, concentrant toute notre attention à ne pas perdre un mot venant de l'autre bout du fil de peur qu'on ne puisse avoir suffisamment de pièces pour avoir à faire répéter.

Cabines publiques qui servent maintenant le plus souvent d'espace d'affichage, de surface à graffer,  de point de mire pour toutes sortes de défilés ou parfois de cabane aux sans-abris mais plus que rarement à téléphoner.

Cabines publiques aux vitres si souvent brisées qu'on ne prend plus la peine de remplacer puisque maintenant leur temps est compté, ouvertes à tous les vents elles n'abritent plus que l'air du temps qui les traversent et des conversations passées ne restent plus qu'un combiné, une ancre bleue accrochée à l'appareil aux tonalités oubliées.

Cabines publiques, un anachronisme persistant, comme le papier résistant au tactile numérique, pas pour une question de matière mais pour prendre un instant le temps, juste le temps de tourner la page comme une respiration, un souffle et avancer plus surement porté par l'élan de nos émotions et non par la seule cadence compulsive du tout communiquant... 

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